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Ô Immigration

  • Rel's
  • 24 janv.
  • 4 min de lecture

J'étais en train de visionner toutes mes vidéos et mes photos depuis 2019, pour essayer de trouver de quoi imager les dates importantes de ces dernières années, et comme à chaque fois que j'ouvre cette immense boîte à souvenirs, j'ai la sensation de re-vivre les émotions. Je pleure, je ris, et je finis par écrire. L'écriture a toujours eut ce côté thérapeutique pour moi, vider mes maux à l'écrit, écrire tout ce que je suis pas capable de dire, écrire tout ce que je garde pour moi au plus profond.



Ô toi, Immigration, je t'aime très souvent autant que je déteste. Tu es un tsunami d'émotions, un rollercoaster de résilience et un torent de larmes. Mais, ce soir, en re-regardant et en re-vivant ces souvenirs, j'ai réalisé la beauté de toute cette symphonie. Les graves, les aigüs, les échecs, les victoires, les moments vides, les moments à 100/h - toute cette balance qui finalement rend toute cette expérience une réussite. Il suffit de vouloir la voir dans son entiéreté.


A la découverte de soi-même


Plusieurs me suivent sur Instagram, mais ne me connaisse pas réellement, ne connaisse pas mon histoire. Vous me direz, c'est le jeu des réseaux sociaux. Cette aventure montréalaise, je l'avais entamé avec mon copain à l'époque. Rapidement, après le début du covid, et environ 6 mois après mon arrivée au Canada, il m'a quittée du jour au lendemain, sans trop d'explications, a déménagé trois jours après et je ne l'ai jamais revu. J'ai cru m'effondrer et ne jamais m'en relever. Je me suis réfugiée dans le travail, beaucoup, trop, au point d'en bosser le soir et le week-end, pour occuper mon esprit encore et encore. Faire l'autruche, comme on dit. Le reste du temps, je m'occupais, des soirées à droite à gauche, des repas à la maison, des ballades. C'était déconcertant de constater qu'un coeur peut voler en éclats dans une pièce pleine de monde et ne pas faire un seul bruit.



J'aime diffuser du positif, et surtout je n'aime pas inquiéter mes proches à des milliers de kilomètres. Donc, je n'ai rien dit ou alors à demi-mots. C'était "juste" une rupture amoureuse, comme j'en ai connu toute ma vie, il servait à rien de raconter à quel point ça m'avait peinée, blessée, bousillée. Certaines ont compris à travers les lignes, d'autres m'en ont voulu. La vérité, c'est que oui, c'était bel et bien une rupture mais c'était plus que ça, il y avait autre chose. La société veut qu'on fonde une famille, qu'on achète un bien immobilier (voire plusieurs), qu'on se marie, qu'on s'installe. C'est comme ça que la société a appris à jauger le "bonheur" de chacun. Alors quand il a décidé de me quitter du jour au lendemain, j'ai eu le coeur brisé indéniablement, j'ai été traversée par un tas d'émotions (team hypersensibilité au maximum) mais plus tard est venue cette honte. Oui, honte.


Honte d'être seule encore, honte de ne rien avoir fondé, et au contraire d'avoir quitté un CDI de 11 années pour partir à l'aventure au Canada. Honte de ne pas pouvoir répondre à ces questions qui revenaient sans cesse "Et quand est-ce que tu comptes te poser et construire quelque chose? ça ne t'inquiète pas?". Je me sentais en marge de cette société, honteuse, comme si quelque chose ne tournait pas rond chez moi. Décuplée, avec tous les couples d'expats qui pululent sur instagram, à Montréal. Cette affreuse sensation d'avoir râté quelque chose.


Et comme la Lune, elle avait ses phases, tantôt elle baignait la nuit noire de sa lumière, tantôt elle n'était qu'obscurité.

C'était déjà difficile de partir de ma zone de confort, de mon chez-moi français, de m'éloigner de mes repères, il fallait aussi que je vive avec cette rupture mais aussi cette culpabilité de ne pas être normale.


Et aujourd'hui?


Avec les années, avec les épreuves, j'ai appris à me connaître moi même, mes qualités, mes défauts, mes blessures de surface mais aussi les bien plus profondes, toutes ces choses qui font que je suis moi. J'ai appris à comprendre mes réactions, nommer mes émotions, à apprécier ma propre présence, à partir en vacances seule pendant des semaines, à devenir encore plus indépendante, résiliente, forte. Evidemment, qu'en revoyant certaines vidéos, j'ai pleuré à chaudes larmes mais je sais que, j'ai gagné des (très beaux) souvenirs à vie qui me provoquent toujours un petit quelque chose plus de 5 ans après, et j'y vois une forme de beauté. Je ne sais pas, non plus, si tous les morceaux sont tous au bon endroit, mais ils sont là et je crois que c'est un progrès.



Aujourd’hui, si on me demandait, en sachant tout ça : est-ce que je recommencerai? Honnêtement, c’est une merveilleuse expérience, une folle aventure, enrichissante, qui je crois nous fait grandir, peu importe notre âge, mais pour grandir faut aussi souffrir un peu. Mais, vous savez quoi ? Je pense qu’il faut être fou pour tenir toute une vie, mais, si c’était à refaire: je referai mes valises et je partirai. Parce que quelque part il y a aussi quelque chose d’extraordinaire dans ce départ à la découverte de soi-même, des autres et à l’importance de toutes ces petites choses qui nous entourent.


Comme le privilège de manger un dimanche midi avec ses parents, le privilège de voir les feuilles d’automne tomber ou de passer un Noel sous la neige, le privilège de voir que certaines amitiés sont bien plus fortes que 6 000 kms, le privilège de savoir que nous ne pouvons pas tout avoir dans la vie, le privilège de rencontrer tellement de personnes différentes qu'on n'aurait probablement pas croisé chez nous, le privilège de connaître l’importance incroyable de chaque petites choses de la vie et de continuer à la vivre à 1 000%.


Je vous souhaite de vivre pleinement, à 1000 à l'heure mais en vous arrêtant de temps en temps pour contempler votre propre journey. Parce que je suis sûre qu'il doit être impressionnant pour chacun de nous.


XOXO

Rel's



2 Comments


Emmanuelle Chamard
Emmanuelle Chamard
Jan 24

Tes mots si juste comme à chaque fois ! Tu peux vraiment être fière de toi 🫶🏼

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Rel's
Jan 27
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Merci beaucou Emmanuelle ❤️

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